L'invention des écritures du moi ne saurait être attribuée à un
auteur, une doctrine, un milieu ou une époque. Très tôt, au
Moyen-Orient, en Grèce, à Rome, à Byzance, en pays d'Islam,
en Chine, au Japon, dans l'Europe médiévale et renaissante,
des individus ont tenté de signaler leur existence, de retracer leur
itinéraire, de définir leur identité.
Qui étaient-ils, quand, pourquoi et comment sont-ils passés à
l'acte ? L'Histoire de leurs histoires fait certes apparaître la diversité
des mobiles, des modèles et des pratiques. Mais elle montre aussi
une corrélation constante entre le pluralisme de l'environnement
culturel et l'émergence du sujet autobiographique. En quête de
légitimité, le «je» va se glisser dans un genre bien établi - prière,
rapport, chronique, biographie, éloquence, récit de voyages ou
poésie - avant de subir l'attraction du roman.
En cédant à la tentation autobiographique, Aristide, Augustin,
Ge Hong, Nijô, Blemmydès, Abélard, Ibn Khaldûn, Cellini et cent
autres ont ouvert un nouvel espace anthropologique. Si les expériences
dont ils témoignent sont souvent fort éloignées des nôtres,
leurs stratégies de communication annoncent les développements
ultérieurs du genre. De leur désir de se justifier et de se survivre
est né un registre littéraire fondamentalement problématique.
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