Il fallait encore que les hommes se croient «au centre de
quelque chose», fût-ce à situer ce quelque chose «hors d'eux».
Si ce ne fut plus possible dans l'espace, il fallait encore que ce soit
dans l'abstrait et ses mille contingences.
Cette position est tout à fait perdue dans La Peur, pour gagner
celle de l'actualité habituellement repoussée dans le temps. On ne
s'y retrouve donc au centre de rien, mais dans la proportion du
tout.
La nature de la révolution est que tout l'abstrait y est proportionné
à ses objets - il affronte non seulement ce qui n'est pas
connu, mais aussi «ce qui ne devrait pas pouvoir l'être» -, donnant
donc plus ce qui peut être entendu, en suivant néanmoins le fil de
déductions dont rien n'est écarté, ni repoussé au sein du domaine
qui lui conviendrait.
Ainsi «connaissance», «religion» et «politique» sont-ils traités
encore unitairement à partir des mêmes prémisses, contrairement
à la dislocation où l'indépendance de l'un est exigible pour
fonder l'autre.
En revanche, si quelqu'un voulait prendre le risque de se retrouver
autrement qu'il n'est supposé être, il y gagnerait une liberté
dont on n'avait pas idée. Une peur antérieure à soi révélera son
lecteur, contre elle.
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