L'Union européenne est-elle désormais contre la démocratie ?
Avec l'épisode du référendum grec et l'effroi qui saisit tous les dirigeants
de voir un peuple, auquel on avait imposé une cure problématique,
entrer en résistance, la crise de la dette a révélé le déficit démocratique
des institutions européennes. Jürgen Habermas nous alerte sur les risques
que prend l'Europe à s'engager dans une voie «postdémocratique» pour
régler la question de la dette des pays de la zone euro.
L'union monétaire européenne ne disposant pas d'un contrôle supranational
à sa mesure, les dirigeants allemand et français veulent une collaboration
intergouvernementale renforcée. Le Conseil européen doit
s'employer à la mettre en place. Ce changement en apparence minimal
devrait se traduire par une perte progressive de contrôle des Parlements
nationaux sur les lois de finances ; cette réforme insidieuse asphyxierait
petit à petit le poumon de la démocratie à l'échelle nationale, sans que
cette perte soit compensée au niveau européen.
Le processus grec ouvre-t-il le passage d'une Europe de gouvernement
à une Europe de la «gouvernance» - joli euphémisme pour désigner une
forme dure de domination politique, qui ne repose que sur le fondement
faiblement légitimé des traités internationaux ?
La «démocratie d'un seul pays» n'est plus à même de se défendre contre
les injonctions d'un capitalisme forcené, qui franchissent, elles, les frontières
nationales. Il faut avancer vers et dans la constitution de l'Europe,
pour que les peuples regagnent des latitudes d'action au niveau supranational,
sans pour autant sacrifier la démocratie.
La crise de l'Europe des gouvernements doit conduire à la constitution
d'une Europe des peuples.
Telle est la conviction de Jürgen Habermas dans ce petit traité de démocratie,
vif, tonique et constructif.
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