Gilles Deleuze a toujours recouru aux images,
et particulièrement à celles du cinéma,
pour expliciter sa pensée et promouvoir
une nouvelle pratique de la philosophie.
En 1983 et 1985, il publie deux ouvrages fondamentaux, devenus depuis des
classiques : Cinéma. I. L'Image-mouvement et Cinéma. II. L'Image-témps.
Si Deleuze estime n'avoir aucune leçon à donner aux cinéastes, le cinéma
est l'un de ses objets d'étude privilégiés, pour construire sa recherche philosophique
et sa vision du monde contemporain. Il établit ainsi des liens avec
la pensée d'André Bazin, référence majeure de la critique de cinéma.
Car «Deleuze et le cinéma», c'est aussi sa rencontre avec une génération de
cinéphiles, critiques aux Cahiers du cinéma, en perpétuelle recherche
d'éléments théoriques pour mieux penser le cinéma et voir les films. Jean
Narboni puis Serge Daney sont les principaux interlocuteurs avec lesquels
il mène un dialogue permanent fait d'amour des films et d'intuitions théoriques
partagées. Si les Cahiers avaient déjà croisé le chemin d'autres philosophes,
c'est sans conteste avec Deleuze que le compagnonnage opère de la
manière la plus fructueuse de part et d'autre, parce qu'il est lui-même cinéphile,
qu'il a suivi avec passion le surgissement de la Nouvelle Vague, que les
films de Godard sont des fils conducteurs de sa réflexion.
Aujourd'hui, les effets de cette pensée ont un impact considérable dans le
monde de la création cinématographique comme dans les domaines de la
philosophie et de l'enseignement. C'est pourquoi cet ouvrage réunit des
critiques, des cinéastes, des philosophes et des chercheurs qui croisent
leurs commentaires pour mettre en lumière sa portée.
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