L'Economie politique n° 32
Quand les banquiers centraux doutent des bienfaits du libéralisme
Tous les ans, à la fin de l'été, les gouverneurs des banques centrales des grands pays se réunissent à Jackson Hole, aux Etats-Unis, pour discuter des affaires du monde. Or la surprise fut grande, en août dernier, d'y entendre nos élites monétaires, si souvent promptes à chanter les vertus innées du libéralisme économique, afficher désormais leurs doutes. Pour Ben Bernanke, le gouverneur de la Réserve fédérale américaine, « une dislocation sociale, et la résistance sociale qui l'accompagne souvent, peut survenir lorsque les économies s'ouvrent ». A cette crainte des effets redistributifs de l'ouverture internationale s'ajoutent les inquiétudes quant à son impact sur l'environnement et la capacité des pays les plus pauvres à pouvoir en profiter, souligne Bernanke.
A ce sujet, Raghuram Rajan, l'économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), a lui aussi tenu à lancer son pavé dans la mare : « Les pays en développement qui ont relativement plus recours aux capitaux étrangers n'ont pas crû plus vite sur le long terme et ont même crû mois vite. » Mieux : on pourrait s'attendre au moins à ce que les capitaux aillent en priorité vers les pays qui croissent le plus vite, ceux qui sont le plus susceptibles de fournir de meilleures opportunités d'investissement. Il n'en est rien : « Sur les trente dernières années, le montant net de capitaux étrangers se dirigeant vers les pays croissant relativement plus vite a été inférieur à ceux allant vers les pays à croissance moyenne ou faible. »
Le ton de nos banquiers centraux n'est plus à l'euphorie en ce qui concerne les bienfaits innés de l'ouverture commerciale et financière. C'est dit : le libéralisme économique ne fait plus consensus.
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