Deux textes, l'un de 1915, l'autre de 1912, forment la matière
de ce livre. Ce sont les plus personnels de l'auteur, par ailleurs salué
comme l'un des plus fins critiques littéraires de sa génération.
Mais il ne s'agit plus de critique littéraire : il s'agit, devant l'événement
dramatique des guerres (le conflit libyen, puis la Grande
Guerre), de savoir dire à la fois l'immensité et la petitesse de
toute vie, dans ce suspens de l'existence, cette vacance de l'esprit
confronté à une dimension dont il n'a pas la mesure.
Un «homme de lettres» s'interroge : qu'est-ce que la littérature
dans un tel suspens ? Que peut-elle dire qui n'en accuse
pas la vanité, alors même que l'on croit ardemment en elle ?
Comment peut-on écrire l'histoire de l'immense, et qu'aura-t-on
compris des vies ? L'expérience propre de Renato Serra
lui fait dans le même temps aimer et accuser la littérature et
l'histoire, tentatives nécessaires et vaines pour dire l'ampleur insaisissable
de ce qui est.
Rarement une langue aura été tout ensemble aussi sobre
et aussi somptueuse pour signifier la vanité de toutes choses, y
compris la guerre, qui ne change rien à l'énigme de vivre ou de
mourir, et leur beauté éperdue.
L'auteur trouvera la mort à 30 ans, dans une tranchée du
Podgora, le 20 juillet 1915, alors que l'Italie vient à peine d'entrer
en guerre.
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