Le présent essai part du constat que, avant d'être théorisée dans ses divers
aspects et ses applications variées, la fiction a joué des rôles importants
dans les sciences, les philosophies et les pratiques classiques. C'est à la fin du
XVIIIe siècle que l'on cherche non plus seulement à utiliser, mais à comprendre
son fonctionnement dans tous les secteurs où l'intelligence théorique et pratique
est requise. À partir du XIXe siècle, on tient, avec la fiction, une notion dont
la valeur de transfert, de transfusion, de transformation, de transvaluation,
est générale et très forte : la position de servante et d'intermédiaire qu'on lui
connaissait s'est renversée en position de maîtrise.
L'auteur de cet Essai sur les fictions s'efforce de faire une pesée de la valeur
heuristique et épistémologique de la fiction en divers domaines. Beaucoup
plus indépendante du kantisme que ne l'avait été en son temps la recherche
de H. Vaihinger, la présente enquête sillonne des terres que l'on a coutume
de désigner par les mêmes mots de théorie, de morale, d'éthique, de droit, de
politique, d'esthétique, avec les instruments nouveaux que les chercheurs ont
pu forger depuis que la théorie des fictions a acquis quelque autonomie. Peut-être
vaut-il mieux, en philosophie, des incertitudes de position que des rentes
de situation.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.