
La clinique témoigne de façon insistante et polymorphe de l'après-coup traumatique
des massacres et génocides qui ont marqué le XXe siècle. La Shoah
mais aussi les totalitarismes et enfin les guerres coloniales ont laissé des traces
profondes de chaque côté de la Méditerranée. Même si les témoignages resurgissent,
il n'en reste pas moins que la transmission s'avère difficile, se heurtant
à des déformations ou des silences de l'Histoire officielle. Ce qui n'a pu être
reconnu et symbolisé revient alors dans la souffrance du symptôme, voire dans
des productions délirantes qui témoignent bien souvent de morceaux d'histoires
encryptées sur plusieurs générations.
Dans cet ouvrage, chaque auteur déploie, selon son style et sa trajectoire subjective,
les enjeux de l'exil et de la transmission. Ainsi s'entrecroisent exposés
cliniques, développements théoriques et apports érudits, mais aussi témoignages
de ce qui reste en souffrance pour chacun. A se tenir au plus singulier
de l'expérience, voire de ce qui est constitutif de l'être, ils évitent les discours
«prêt-à-porter» et un universalisme abstrait qui ferait fi de l'empreinte culturelle,
des tourments et des silences de l'Histoire. Leur parti pris est inverse :
l'universel se trouve visé en s'écartant de façon décisive de l'impasse de l'ethnopsychanalyse
qui assigne le sujet aux traditions de sa culture. Dès lors s'exiler
de l'origine, tout en gardant le contact avec elle, figurerait le double mouvement
incessant de toute transmission vivante à partir de laquelle la catastrophe
peut aussi être source d'une créativité à venir.
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