
La réforme de l'Église aux XIe-XIIe siècles a été l'un des événements
décisifs du Moyen Âge occidental. Si la part qu'y occupe le discours
idéologique est immense, son application pratique se révèle passionnante.
Car la «réforme grégorienne» a d'abord été faite par des hommes : des
hommes que le pape Urbain II est venu fidéliser durant son long voyage
en France en 1095-1096 ; des hommes qui ont su utiliser des modèles
abstraits pour résoudre les problèmes concrets que posait le gouvernement
des âmes ; des hommes qui témoignent d'intérêts bien compris mais aussi
d'une foi authentique.
Ces «réformateurs ligériens» appartiennent à des horizons variés.
La papauté a puisé, de façon pragmatique, dans la richesse du milieu
régional : abbés exempts (l'esthète ovidien Baudri de Bourgueil côtoie la
figure opposée du polémiste grégorien Geoffroy de Vendôme) ; chanoine
régulier (le célèbre canoniste Yves de Chartres) et écolâtres prestigieux
(les talentueux poètes Marbode d'Angers et Hildebert du Mans). En
tant qu'évêques ou abbés, ceux-ci ont conféré une grande originalité au
«modèle réformateur» des Pays de la Loire. Dans un monde féodal régi
par le lien personnel, ces prélats ont dû trouver des compromis viables
pour permettre le passage d'une Église fidèle au prince à une Église en
communion privilégiée avec Rome, soldant ainsi la vieille «Querelle des
Investitures».
La richesse des sources permet d'appréhender l'édifice doctrinal de
grande ampleur qui sous-tend l'ensemble du processus, mais également
la variété des sensibilités réformatrices qui subsistent, donc de mesurer
- ce qui est rare - l'espace de l'adhésion individuelle au projet de réforme
pontificale.
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