La problématique principale déroulée dans cet essai ne manquera
pas d'apparaître illégitime, et même révoltante, à plus d'un lecteur.
Elle sera d'emblée récusée par nombre de laïcs déterminés
à se définir comme juifs. Pour d'autres, je ne serai qu'un traître
infâme, rongé par la haine de soi. Des judéophobes conséquents
ont déjà qualifié d'impossible, voire d'absurde, une telle question,
parce qu'ils considèrent qu'un juif sera toujours d'une autre
race. La judéité est perçue comme une essence immuable
et compacte, qui ne saurait être modifiée.
L'État dont je suis citoyen définit ma nationalité comme «juif».
Pourtant, j'aurais pu être enregistré sous la nationalité
autrichienne ; en effet, je suis né, fortuitement, dans un camp
de personnes déplacées, dans la ville de Linz, au lendemain
de la Seconde Guerre mondiale.
Le problème est que je ne crois pas en un être suprême.
Si l'on excepte une brève crise mystique, à l'âge de douze ans,
j'ai toujours pensé que l'homme a créé Dieu et non pas l'inverse ;
et cette invention m'est toujours apparue comme l'une des plus
problématiques, des plus fascinantes et des plus meurtrières
de l'humaine société. Par conséquent, je me retrouve,
pieds et poings liés, pris au piège de mon identité démente.
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