
Enquêtes d'Algérie
Le culte des hommes premiers
Algérie, 1962. Le bannissement d'un million de Français hors de leur terre natale et de l'histoire de France. L'indépendance consacra la volonté d'une civilisation de ne plus continuer la vie commune avec une autre sur le sol algérien, sous quelque forme que ce fût. On avait dit l'événement inéluctable ! Le « sens de l'histoire » avait parlé. Ce fut un geste violent, durablement traumatique, d'antique tradition. Ce fut un rituel sacrificiel. Une première offrande faite à un culte qui n'a, depuis, jamais cessé de prendre de l'ampleur, le culte des hommes premiers (d'Algérie, en l'occurrence). Le bannissement n'était pas inéluctable. Il était irréfragable, irrépressible. Et on recommanda aux Français d'Algérie de « tourner la page ».
Automne 2005, France, autre temps, autre territoire, autre événement. L'explosion des banlieues. Une révélation ou une confirmation : la vie commune franco-algérienne avait continué. Ou recommencé ? Comment la chose s'était- elle décidée ? Qui l'avait décidée ? Et surtout : comment aurait-elle pu être possible dans la paix espérée sans la grande mise au point politique préalable qui s'imposait ? Le discours social à usage d'intégration nous dit : faisons comme si rien n'avait été ! La guerre, le sang, les larmes... Mieux : effaçons encore un peu plus de notre histoire ce qui nous embarrasse au moment où les divinités des temps modernes nous demandent des comptes ! Donc, le bannissement se poursuit. Toute l'histoire de France est à reformater. À purifier. Napoléon lâché au plus haut de la hiérarchie de l'État pour la paix des banlieues. Bientôt suivra Louis XIV. De Gaulle lui-même n'y échappera pas.
D'urgence, il faut nous libérer de cet obscurantisme. Commençons par faire tomber les idoles de leurs autels !
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