Sous le titre Balzac, le texte et la loi sont réunies dix-sept études que
Michel Lichtlé a consacrées à l'auteur de La Comédie humaine, au cours
de sa carrière universitaire, à laquelle ce volume rend hommage. Outre
l'histoire du texte romanesque et de sa dimension politique, l'analyse
approfondie que cet éminent balzacien a menée sur l'inspiration juridique
de Balzac est ainsi tout particulièrement mise en lumière, et conclue par
une synthèse bibliographique de référence.
Marqué par un père pour qui «l'éducation d'un homme n'était pas complète
[...] s'il ne connaissait pas les législations anciennes et modernes et surtout
les lois de son pays», Balzac a non seulement fait l'expérience de la basoche
mais il a reçu une formation juridique pointue à l'école du droit, dont le
retentisement sur l'oeuvre a été considérable. À parcourir La Comédie
humaine, comment ne pas en effet être frappé par la diversité des procès,
des affaires et des consultations d'hommes de loi variés et nombreux,
par la profusion des références aux codes et la précision des analyses de
leurs effets sur la vie publique et la vie privée ? Balzac n'est certes pas le
seul romancier de son temps à s'être intéressé à la justice et au droit alors
que le Code civil des Français, promulgué en 1804, voulu et reçu comme
chef-d'oeuvre absolu, accomplissait enfin le vieux rêve d'uniformisation
du droit français. Il ne se contente pas de s'interroger comme d'autres sur
la figure du criminel, sur la peine de mort ou sur le régime des prisons :
sa vision, plus vaste, plus générale, plus profondément juridique, fait de
La Comédie humaine l'oeuvre d'un homme qui, dans le texte de la loi,
sait reconnaître en juriste «des poèmes et des drames cachés» et écrire
«de façon à émerveiller les hommes du métier», selon la célèbre formule
de Théophile Gautier.
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