À l'âge classique, l'oeuvre d'art est pensée en termes d'imitation
de la nature. Plus l'oeuvre est vraisemblable, plus l'imitation est
considérée comme réussie. À travers l'étude des grands textes de la
poétique et de l'esthétique classiques (Rapin, Du Bos, Batteux,
Voltaire, Diderot, Marmontel), ce livre retrace la façon dont l'idéal
de la mimèsis se redéfinit au cours des XVIIe et XVIIIe siècles.
Conçue par les Classiques comme modèle idéal, exemplaire et
général, la vraisemblance tend, sous l'impulsion des écrits de Du
Bos et Diderot essentiellement, à favoriser une approche sensible
de l'oeuvre qui place l'impression du spectateur au coeur du
jugement esthétique. L'effet de l'oeuvre sur le spectateur tient
moins à la régularité du sujet qu'à la façon dont l'oeuvre le
représente, à la manière qui est la sienne. Aussi l'oeuvre
vraisemblable du siècle des Lumières vise-t-elle moins à procurer
une illusion totale de vérité, qu'à mettre en valeur la dimension
artificielle du signe artistique - par quoi le XVIIIe siècle inaugure
l'ère de l'esthétique moderne, où l'oeuvre ne cherche plus à
dissimuler ses contours mais à révéler la main de l'artiste créateur.
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