On croit bien connaître Versailles - son château, ses perspectives
étudiées et ses jardins au cordeau -, ce lieu du pouvoir qui se
met majestueusement en scène et incarne à lui seul la France et
son histoire.
Le domaine actuel de Versailles ne représente pourtant que le
dixième de celui d'autrefois. Au sein de l'immense Grand Parc,
dynamique, vivant et giboyeux, les habitants des villages enclavés
comme la nature devaient se soumettre au bon vouloir du roi. Car,
à Versailles, le monarque veut chasser en toute saison, voir jaillir les
grandes eaux sur un site austère. Rien n'est trop grand pour faire
plier la nature : on convoque la science pour construire un réseau
hydraulique pharaonique, des murs d'enceinte pour parquer le gibier,
dont l'abondance nuit aux cultures. Mais la nature et les hommes
résistent : les animaux s'échappent ou se multiplient, incontrôlables,
les paysans se jouent des contraintes, braconnent, volent du bois,
détériorent les réseaux. On renforce les frontières, règles, contrôles
et sanctions. Souvent en vain.
C'est à la découverte de cet autre Versailles, animal, organique,
que nous convie Grégory Quenet, loin du stéréotype d'une nature
aménagée, rationalisée et contrôlée, «à la française». Une visite
passionnante qui prend à revers l'histoire officielle du rapport entre
pouvoir et nature en France.
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