Les historiens professionnels, qu'ils soient universitaires ou académiciens, gens fort
prudents et généralement soucieux de plaire aux puissants, les auteurs mondains, personnes avisées, désireuses de séduire le grand public, n'insistent guère sur le rôle des
traîtres dans l'obtention d'une victoire. Tout au plus insistent-ils sur le brio des agents
de renseignements du camp victorieux. Encore minimisent-ils leur importance pour
ne pas déplaire aux seigneurs de la guerre : les chefs des États victorieux et leurs maréchaux et commandants d'armées et de groupes d'armées, dont il convient de ne surtout pas ternir la gloire, voire simplement de la faire partager.
Écrire l'histoire militaire de la IIe Guerre mondiale, sans tenir compte du nombre
ahurissant de traîtres du côté allemand, est une spécialité universitaire et académique fort
appréciée de nos jours, mais qui rend strictement impossible la compréhension de bien
des événements des années 1939-1945.
Les agents recruteurs du Komintem et ceux du GRU ont trouvé, avant, puis durant, la
guerre, quantité de traîtres dans l'aristocratie, mais aussi dans le corps des officiers
d'états-majors et des hauts-fonctionnaires ministériels (les diplomates préférant généralement trahir en faveur des Alliés occidentaux, jugés plus raffinés). Ils ont misérablement échoué, en revanche, à débaucher de façon significative savants, techniciens
et ouvriers, qui se sont révélés farouchement patriotes jusqu'à la débâcle, pour la quasi-totalité d'entre eux.
Par ailleurs, c'est dans les milieux aristocratiques, singulièrement ceux qui avaient de
fortes attaches cosmopolites, et chez les officiers de métier qu'il faut chercher les deux
tiers des comploteurs qui, à plusieurs reprises durant une guerre qui fut la plus formidable et la plus meurtrière de toutes, une guerre qui ne pouvait se terminer que par
l'anéantissement de l'un des ennemis en lice, ont trahi leur serment de fidélité au chef
de l'État-chef des Armées.
Il est évident qu'à présenter les faits tels qu'ils furent et non tels qu'une historiographie
repentante les expose usuellement, l'on s'expose à se faire mal considérer des bien
pensants... aussi bien ce livre n'est-il pas fait pour eux.
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