La théologie dialectique du siècle dernier, Karl Barth en tête, avait cru
pouvoir considérer la Glaubenslehre d'Ernst Troeltsch (1865-1923)
comme un texte décevant et préconisait de le laisser tomber dans
l'oubli. Ce texte s'avère aujourd'hui des plus actuels tant sous l'angle
de ses analyses et de ses audaces touchant au problème de Dieu
ou à celui du salut que sous celui d'une confrontation avec les
exigences de la pensée scientifique et plus encore avec les autres
grandes religions du monde.
Si Les doctrines sociales des Églises et groupes chrétiens reste l'opus magnum
de Troeltsch -dont Jean Séguy a pu dire qu'il constitue «une propédeutique
obligée à toute sociologie du christianisme»-, il ne faut
pas oublier que son auteur a d'abord été professeur de dogmatique.
Pour bien comprendre la pensée de Troeltsch, y compris sous l'angle
sociologique, il faut donc s'intéresser aussi à sa théologie, plus
précisément encore à sa dogmatique, c'est-à-dire à ce qu'il pouvait
bien penser doctrinalement à propos de Dieu, du Christ, de l'Esprit,
du salut, de l'Église, etc.
S'il avait survécu à la maladie qui l'enleva subitement en 1923, Ernst
Troeltsch aurait-il jamais pris le temps de mettre au point pour une
édition en bonne et due forme ses idées proprement théologiques ?
On peut en douter : à la fin de sa vie, il assignait à la philosophie
de la religion la fonction même qui aurait pu ou dû être celle de
la théologie. La distinction entre théologie et philosophie n'avait
plus pour lui et n'avait d'ailleurs jamais eu ni le sens ni l'importance
que la théologie dialectique devait lui attribuer dès les années 1920
et pendant une bonne partie du XXe siècle. Ou pour le dire en
d'autres termes, la philosophie de la religion était pour lui les prolégomènes
dont ne pouvait se passer une théologie sensément pensée.
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