
Ángel Bonomini quête la lumière dans une contrée solitaire, profane,
dévastée depuis des temps immémoriaux. De sorte que, partie d'un
désert et se tenant volontairement à l'écart d'une spiritualité palpable,
sa quête, qui se précise à mesure qu'elle s'écrit, acquiert de poème en
poème une puissance intérieure exceptionnelle.
Son écriture nette, entrecoupée, déplace abruptement les éléments
de leur contexte afin que la réalité devienne fiction et la fiction
réalité. Pour Bonomini, plus la vie est courante, plus elle est
exceptionnellement singulière, et fatalement gouvernée par des lois
secrètes. En cela, on ne peut s'empêcher de penser à Borges, et ce
rapprochement s'impose avec d'autant plus de force que Borges a
lui-même été frappé par la lecture de ses textes.
Poète métaphysique tout au long de son oeuvre, Ángel Bonomini,
comme Léonard dans ses dessins, est extrêmement précis dans le trait
et comme inachevé dans la figure. Celle-ci reste en suspens, derrière
une brume ténue, part invisible et visible de l'homme, dont, subitement,
il s'écarte pour contempler les êtres qui l'entourent. Pour cet écrivain
fulgurant, dont le vol nocturne rend inoubliable la voix secrète, l'être
se résume à une esquisse :
De tout ça se nourrit et meurt,
c'est là où repose
et oeuvre cette façon d'être que nous sommes :
une simple possibilité
face à des renoncements infinis.
Silvia Baron Supervielle
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