La mémoire ou la combinatoire ou, plus familièrement, le lexique ou la règle ?
Telle est la question surprenante à laquelle cet ouvrage de théorie grammaticale
tente de répondre en écho aux grands débats qui ne cessent d'animer la linguistique
contemporaine. Abordés sous l'angle de la cognition humaine, les mots composés
sont tenus pour des objets de mémoire. Ils sont doués de sens lexical, mais leur
représentation symbolique dans l'esprit langagier est de nature "synaptique" et non
pas atomique. Le sens idiomatique se voyant démystifié par le fait même, noms
composés et locutions verbales relèvent alors d'un même processus cognitif, celui
dit de la "formation des mots" qui alimente le "logotope" de notre intellect. Fondant
sa théorie sur deux axiomes puissants, soit celui de la polymorphie des
"dictèmes" et celui de l'intégrité structurale du syntagme, l'auteur entreprend de
naturaliser cette grammaire de telle sorte que la relation son-sens devient un état
mental "émulé" par connectivité, et non plus un état final mécaniquement dérivé de
projections lexicales.
Unifiés dans une même problématique, les noms composés et les locutions
verbales révèlent ainsi des propriétés formelles communes essentiellement régies
par la référence, d'où une syntaxe référentielle soumise à des servitudes
conceptuelles probablement universelles. Cette "réingénierie" grammaticale
accrédite alors l'idée féconde que la combinatoire syntaxique est indissociable de la
mémoire lexicale, et vice-versa, ce qui permet de rendre compte du phénomène de
l'hypostase, si prégnant dans les langues naturelles et cause majeure de polysémie.
C'est grâce au holisme de son analyse que l'auteur est à même de dégager deux
hypothèses majeures quant à la vraie nature du langage humain, à savoir d'une part,
celle d'une dépendance structurale du sens lexical et, d'autre part, celle d'une
dépendance référentielle de la structure syntagmatique. La grammaire ainsi
modélisée s'inscrit massivement dans le fonctionnement cérébral de l'Homme
grammatical, plutôt que de se voir présumément codée dans la séquence hélicoïdale
de l'ADN propre à notre espèce. Ce résultat l'incite alors à affirmer que c'est "le
sens du sens", et non "l'instinct du langage", qui gouverne l'esprit langagier.
L'approche novatrice et stimulante de son point de vue saura intéresser tous ceux et
celles qui se captivent pour l'approche scientifique du langage, toutes disciplines
confondues.
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