«- Macaroni, tête de radis !
- Spaghetti !
- Mangeur de pizzas !
- Sale rital !
- Votre devoir de mathématiques, cher monsieur : archinul !
De la camelote italienne !
Combien de fois dans mon enfance ai-je entendu ces insultes,
proférées par des élèves ou par des professeurs, dans la cour de
l'école ou en classe... Mon grand-père, Roberto Aventino, avait
fui Nice et Marseille à cause de cela, des insultes et des coups.
De mon temps, me disait-il, on me traitait de "maca", de "piaf",
de "christo" [...]
C'était étrange, cette enfance traversée avec en bandoulière la
honte de porter le nom qui était le mien et la honte d'assumer
mes origines.
Il m'a fallu une cinquantaine d'années pour accepter ces racines
qui me constituent, ce passé qui m'a fabriqué. Pierre Milza
écrit qu'il est un "migrant, inconfortablement posté entre deux
cultures cousines et pourtant dissemblables". Modifiant son
propos, je peux aujourd'hui affirmer que je suis un migrant,
confortablement posté entre deux cultures cousines et pourtant
dissemblables. Sans doute parce que j'ai créé une troisième
culture qui n'appartient qu'à moi.»
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