Je capte le signe d'une main, et je vois
Qu'en mon désir une liberté se déploie,
Mais qui passe et s'annule ;
Les nuages de son objet le temps altère
Comme le fait de l'eau l'écume prisonnière
De la masse qui ondule.
Jorge Cuesta, né à Córdoba, ville de la province de Veracruz, au
Mexique, s'est suicidé dans sa cellule de l'hôpital psychiatrique de
Tlalpan, à Mexico, en 1942. Chimiste, critique, directeur de revue, poète,
il a su conjuguer, dans sa courte vie, bien des talents, pas toujours reconnus
à leur juste valeur. Son anthologie de la poésie mexicaine, parue en
1928, est malmenée par la critique, il est assigné en justice en 1932 pour
sa revue Examen et scandalise aussi par sa liaison puis son mariage, en
1931, avec Guadalupe Marín, ex-épouse de Diego Rivera.
Il a fallu attendre la publication des oeuvres complètes, pour mesurer
pleinement l'importance et la cohérence de l'écriture poétique de
J. Cuesta qui, de 1927 à 1942, n'a publié qu'une poignée de sonnets
dans quelques revues littéraires, comme Contemporáneos ou Taller.
Chant à un dieu minéral est publié peu après sa mort, en hommage
ultime. Cette poésie est inscrite dans la double lignée du siècle d'or
espagnol et du symbolisme français : d'un côté, une réflexion sur
l'évanescence - passage du temps, mort, disparition du rêve, fuite de
l'amour -, de l'autre, sur l'acte de langage et la création poétique, gage
d'éternité. Son écriture repose sur une conception que résume la formule
«forma es fondo». Si c'est le penseur, qu'en 1950, Octavio Paz
salue dans Le labyrinthe de la solitude, depuis les années 80, les travaux
de recherche se multiplient à propos de sa poésie. Puisse la présente
édition contribuer à la diffusion d'une écriture poétique sans
concession, dont la rigueur laisse entendre le son cristallin de la parole
décantée.
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