Trop souvent encore les rapports de sexe sont considérés
comme un sous-champ particulier de la sociologie alors qu'ils
traversent l'ensemble de la discipline puisqu'ils interviennent
dans tous les domaines de la société.
Afin de l'établir, il ne suffit plus de s'en tenir à la notion de
rapports sociaux de sexe qui, le plus généralement, est utilisée
pour faire apparaître l'asymétrie entre les sexes à l'égard du
travail, incluant le travail domestique. Le débat autour de la
parité politique, dont la France n'a pas le monopole, a imposé
la réflexion sur les rapports politiques de sexe. Cette réflexion
ne peut être déliée de la prise en considération de la révolution
qui s'est produite dans les rapports entre les sexes depuis une
trentaine d'années : dorénavant, avec la reconnaissance par la
loi et par la société du droit des femmes à contrôler elles-mêmes
leur fécondité, elles ne sont plus marquées par les
«déterminations de leur sexe», elles intègrent la catégorie de
l'«individu abstrait». Il devient alors visible que le peuple est
composé de deux catégories sexuées instituées par l'état civil.
Aussi la notion de sexe est-elle plus utile à l'analyse que celle
de genre.
À partir du moment où il est formellement admis que
chaque femme, comme chaque homme, peut prétendre «mon
corps m'appartient», les rapports entre les sexes empruntent le
registre du différend plutôt que celui de la différence : les
femmes ne sont plus victimes, elles sont plaidantes ; elles instruisent
le procès de la démocratie moderne qui les a tenues à
distance du principe «tous les hommes naissent libres et égaux
en droits».
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