Socialisme et jeunesse en France, 1879-1969

Si Jean Jaurès considérait que l'avenir du socialisme tenait dans la jeunesse,
les relations du socialisme avec ses Jeunesses et ses Étudiants sont sur la
longue durée souvent chaotiques. Est-ce le signe d'un conflit oedipien ou
plutôt le syndrome du conflit générationnel ? Les Jeunesses et les Étudiants
Socialistes développent-ils ainsi une conscience d'appartenance générationnelle
ou forgent-ils une culture politique, jeune et socialiste ? Christine Bouneau
n'étudie pas seulement ces interactions car elle met également en perspective
le socialisme et la jeunesse en général, pour analyser la dynamique qui en
résulte dans une dimension multiscalaire (locale, nationale et internationale). En
retraçant l'histoire du socialisme et de la jeunesse, l'auteur nous fait redécouvrir,
en exhumant des textes souvent peu connus, les prises de position des grands
hommes du socialisme, tels que Jean Jaurès, Paul Faure, Léon Blum, Léo
Lagrange, Guy Mollet ou Pierre Mauroy.

L'ouvrage peut se lire diachroniquement de la fin des années 1870, avec
l'introduction du marxisme en France et la formation des premiers groupes de
Jeunesse, à l'après «Mai de la jeunesse» et la disparition de la SFIO en 1969.
D'une période marquée par une synergie positive socialisme/jeunesse (1879-1920),
on passe à une phase de recherche, voire de tensions, entre socialisme
et jeunesse (1920-1944) pour déboucher sur des rendez-vous manqués (1944-1969).

Le lecteur peut aussi emprunter des chemins de traverse puisque l'approche pour
chaque partie est en même temps ternaire. L'auteur distingue en effet les acteurs
(les «éclaireurs» et «les suiveurs», les portraits de groupes, les dissidents et
les exclus...), les discours (professions de foi, discours à la jeunesse, tracts,
presse, conférences...), les moments et les lieux (le Quartier latin de l'affaire
Dreyfus et de Mai 1968, les rues des manifestations et des défilés, les réseaux de
la clandestinité, les congrès des Internationales de Hambourg à Lille en passant
par Strasbourg, Amsterdam ou Vienne la Rouge, le théâtre des combats outre-mer...).

Christine Bouneau nous offre ainsi l'itinéraire, sur près d'un siècle, d'une famille
politique confrontée à son propre renouvellement, question encore largement
d'actualité.