
L'Institution nationale des sourds-muets et sourdes-muettes de
Chambéry est un des lieux d'où la culture sourde a rayonné dans tout
l'Est de la France. Mais qui se souvient encore de l'école des filles, située
à Pont-de-Beauvoisin, c'est-à-dire à quarante kilomètres de celle des
garçons ? Elle a laissé peu de traces dans la mémoire collective ; en effet,
les filles devaient abandonner au sortir de l'école les signes qui y étaient
pratiqués pour apprendre les signes des garçons de l'école de Chambéry,
de sorte que le dialecte de Pont-de-Beauvoisin ne subsiste plus guère que
dans la mémoire de quelques anciennes élèves, dont Yvette Pelletier.
Les signes émergeant à Pont-de-Beauvoisin sont en rapport avec plusieurs
substrats : des signes parisiens, des signes chambériens, et suite à
la débâcle de 1940, des signes bordelais. L'interdiction de signer qui a
suivi le Congrès de Milan (1880) a fait que de nombreuses générations
de sourdes-muettes se sont succédé sans autres références langagières
que celles qu'elles se donnaient elles-mêmes, avec des conséquences
contradictoires : des signes disparus ailleurs s'y sont maintenus sans
changement, tandis que les cheminements fantasques de la dérivation
ont conduit à un pourcentage élevé de signes obscurs. Ces deux aspects
se sont conjugués pour faire des signes de Pont-de-Beauvoisin un dialecte
d'une fascinante étrangeté.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.