Renée Mauperin, jeune personne de vingt ans, mi-fille, mi-garçon, maladivement attachée à son père, refusant tous les
prétendants qu'on lui présente, bourgeoise parlant un langage
d'atelier, tiraillée entre l'amour de la justice et la morale du coeur,
s'avère encore aujourd'hui un personnage d'une modernité
déroutante et dont la hardiesse du caractère n'a d'égale que
l'aristocratie du tempérament. Totalement en décalage avec les
moeurs de son temps, elle apparaît pour cette raison même
comme un contrepoint éclairant sur la jeunesse et surtout sur la
bourgeoisie du Second Empire que croquent, avec une
perspicacité toute spirituelle et souvent assassine, Edmond et
Jules de Goncourt.
Renée Mauperin est donc à la fois autant le portrait d'une
jeune fille « abordée de face » comme ils l'écrivent à G. Flaubert,
que celui d'une époque ; c'est là le grand art de ces écrivains qui
savent que si la partie ne contient pas nécessairement le tout,
« un temps dont on n'a pas un échantillon de robe, l'Histoire ne
le voit pas vivre » (Journal, 1859). Renée est cet échantillon
insolite qui fait tourner les têtes au coeur d'un étonnant bal
moral, celui de la bourgeoisie du Second Empire, dont le
mouvement est rendu avec vigueur dans le ton et audace dans la
forme.
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