L'être humain creuse un espace de lui-même, tout au long de sa vie. Il prend
sa place. Si son développement, de l'enfance à l'adolescence, lui a donné l'air
psychique et physique pour cela, il aura un rôle social, amical, amoureux et, le
plus souvent, parental.
Si le monde adulte a empêché cet épanouissement, l'être qui en résultera
aura de grandes chances de ressembler à un enfant dans un corps d'adulte : des
difficultés à trouver sa place, socialement et affectivement, une lutte pour se faire
entendre, parfois à n'importe quel prix, et surtout le plus élevé.
Empêcher l'autre d'advenir est une violence, qui produit de la violence.
Créer la dépendance d'autrui permet d'asseoir un pouvoir : je suis celui qui
décide, j'assure ma place, et ma destinée. Tant que je ne me fais pas poignarder
dans le dos par mon propre fils, je suis le Roi.
Pourtant, à l'origine, c'est d'un instinct dont il s'agit, une forme de «violence
fondamentale», qui, s'il est confronté à un cadre contenant, c'est-à-dire résistant
à la pulsion de destructivité, permet de prendre sa place en posant les bases d'une
capacité à vivre avec l'autre.
Si nous nous transmettons un instinct contrarié, nous transmettons, sans fin,
les actes violents qui s'apprennent pour asseoir une place, coûte que coûte.
La créativité humaine, source de déploiement des facultés propres, ne peut
s'acter, et devenir une ressource des plus intimes et des plus porteuses pour
l'humanité tout entière, que si l'on autorise à l'individu d'user de cet instinct
violent pour construire et défendre son territoire.
A destination des professionnels travaillant en lien avec la problématique de
la violence, mais aussi de toute personne se questionnant sur la place de celle-ci
dans les relations humaines, cet ouvrage est un essai dont le but est d'ouvrir des
champs de réflexion et d'expérimentation.
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