Révolté par l'absurdité d'une injustice si profonde qu'elle se manifeste chaque matin dans les seaux vides de millions de foyers. Révolté par le silence assourdissant qui entoure une tragédie quotidienne, invisible aux yeux du monde, mais omniprésente dans les ruelles de Kinshasa, dans les collines du Kivu, dans les villages enclavés du Bandundu, et dans les quartiers oubliés de toutes les promesses. J'ai écrit ce livre parce qu'il est inacceptable, au XXIe siècle, dans un monde capable d'envoyer des sondes sur Mars, que des enfants meurent encore pour avoir bu un verre d'eau.

Ce livre est né d'un sentiment d'urgence, d'une nécessité vitale : briser l'indifférence, réveiller les consciences, et redonner voix à celles et ceux pour qui l'eau reste un luxe inaccessible. Dans ce pays que j'aime, la République Démocratique du Congo, pays d'eau par excellence, les ménages vivent une contradiction douloureuse. Entourés de rivières, de lacs, de pluies abondantes, beaucoup vivent pourtant dans la soif. Le paradoxe est cruel : l'abondance géographique ne garantit pas l'accès quotidien. Et cette réalité, que l'on pourrait croire unique à la RDC, trouve des échos dans d'autres coins du globe où l'eau est inégalement répartie, mal gérée, exploitée sans vision ni éthique.

Ce livre explore cette tension entre la richesse naturelle et la pauvreté d'accès. Il ne s'agit pas d'un ouvrage technique réservé aux experts de l'eau, ni d'un simple recueil de statistiques. C'est un cri, un témoignage, un voyage dans les profondeurs sociales, humaines et environnementales d'un combat essentiel : celui de l'accès à l'eau potable dans les foyers. À travers ces pages, je vous invite à parcourir les méandres d'un monde où l'eau ce liquide incolore, inodore, vital — devient un marqueur de l'inégalité humaine. Vous y découvrirez les visages de femmes épuisées, les pieds nus dans la poussière, portant des bidons plus lourds que leur propre corps. Vous entendrez les silences des enfants qui, faute d'eau propre, ne vont plus à l'école.

Vous plongerez dans le quotidien de familles entières qui construisent des stratégies de survie autour de quelques litres d'eau précieuse, puisée au prix d'efforts démesurés. Vous verrez aussi comment la rareté de l'eau contamine bien plus que le corps : elle abîme l'âme, elle fracture la société, elle sape les espoirs.

Je terminerai cette œuvre avec une conviction profonde : l'eau est bien plus qu'un droit. Elle est une mémoire. Une mémoire de notre passé colonial, de nos erreurs de gouvernance, de nos failles humaines. Mais elle est aussi un miroir. Elle reflète qui nous sommes et ce que nous sommes capables de devenir.

Et surtout, l'eau est une promesse. Une promesse de justice, de paix, de santé, de dignité. Une promesse faite à chaque enfant né sur cette terre : que sa première gorgée d'eau ne sera pas un risque, mais une bénédiction. Que son futur ne sera pas écrit dans la boue, mais dans la clarté d'un robinet ouvert. Alors que ce livre s'achève, que l'engagement commence. L'encre est sèche, mais les sources doivent jaillir. Car tant que l'eau coule, l'espoir coule avec elle. Et il nous appartient, à vous comme à moi, de garder ce courant vivant. Pour la RDC. Pour l'Afrique. Pour l'humanité.

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