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Qu’y a-t-il dans la tête des jeunes djihadistes qui quittent la France, la Belgique, les Pays-Bas ou l’Angleterre ? Qu’y a-t-il dans la tête d’un jeune né ici, éduqué ici, qui part combattre dans un pays dont il ignorait l’existence il y a cinq ans ? Cette question nous hante tous. Alors que bon nombre d’experts ou de journalistes livrent leurs commentaires, loin du théâtre des combats, l’auteur, un jeune chercheur belgo-palestinien, a décidé, pour ses recherches, de s’infiltrer en Syrie et de rejoindre un groupe de jeunes djihadistes européens. Il a vécu, dormi, mangé, passé les frontières avec eux. En partageant leur quotidien, il a tenté de comprendre leurs motivations. Et ses conclusions sont étonnantes, loin des poncifs de certains. Aujourd’hui, Montasser AlDe’emeh a fondé un centre de « dé-radicalisation », comme aiment l’appeler les autorités, un centre de « la connaissance », comme il aime, lui, le nommer. Au-delà de son histoire incroyable, il livre ici l’analyse, probablement la plus fine et la plus pertinente à ce jour, d’un phénomène qui tétanise l’Occident.
Une enquête sociologique d'un spécialiste du djihad pour comprendre les motivations de certaines convictions et radicalisations religieuses
A PROPOS DE L'AUTEUR
Montasser AlDe’emeh est belgo-palestinien. Il a 26 ans et est chercheur universitaire. Islamologue, spécialiste du djihad armé, il intervient comme expert dans de nombreux colloques, ainsi qu’auprès de médias européens et internationaux dont Der Spiegel. Il est le fondateur et le directeur du centre « La Voie vers...»
EXTRAIT
Je reviens de Syrie, des environs d'Alep plus précisément où j'ai vécu pendant deux semaines avec de jeunes djihadistes, notamment des Belges et des Néerlandais partis rejoindre, se battre et mourir dans les rangs de Jabhat al-Nosra (ce groupe, qui a fait allégeance à Al-Qaïda et qui a été créé en 2012 pendant l'insurrection syrienne). Principalement actif en Syrie, mais aussi au Liban, il est considéré comme un groupe terroriste. Je rejoins la salle de bain. Je me déshabille. Sous la douche, j'ouvre le robinet et je décide de me raser. Sans miroir. La longueur de ma barbe, qui m'arrive presque jusqu'à la poitrine, témoigne de ces longs mois pendant lesquels je me suis plongé dans mon travail de recherche. Nous sommes à la fin juillet. Je me suis laissé pousser la barbe depuis février, soit le moment où j'ai commencé à me plonger dans mon sujet. Mais je suis confronté à un problème : elle est si longue et si drue qu'une lame ne pourra pas la couper. Comme si cette expérience refusait de me quitter.