«La caisse aux gorilles traversa le cauchemar du Port, les rues fantômes,
un vieillard et une petite fille se tenaient par la main, la petite fille en
larmes sur les traces de la mère violée et découpée plus loin sur un trottoir.
Le cauchemar du Port, une séance d'exécution publique en présence
d'une foule silencieuse, la troupe qui charge son tir et le condamné qui
commence son dernier gospel : Amazing Grace... À la place des vitrines
éclatées de la rue Z, des rideaux blancs sur lesquels un passant, un type
aussi fou que l'ami Manuel, écrivait : "Quand tu me tiens, Port-Mélo...
Je perds le nord et la peau." J'ai à peine le temps de classer ces images,
ranger dans un coin de la mémoire les pneus brûlés, les deux pendus
qui gesticulent devant le musée et le croque-mort débordé. Parce qu'il
avait du boulot, il avait des corps...»
Sur une côte d'Afrique, une milice cruelle réprime la moindre manif,
étouffe dans les gorges la moindre clameur. Manuel, traqué, marche «à
contre-voie», il tient un précieux carnet des disparus que les autorités
voudraient détruire. La mère Cori, sage vieille folle, raconte et attend. La
jeune et si belle Joséphine s'offre en un clin d'étoile entre un flamboyant
et un wharf rouillé... Une mosaïque de personnages et tout un peuple
jouent leur vie dans une ville et un pays qui effacent l'homme et ses
traces, qui met du blanc sur le viol des corps et des rêves.
Ici, par la grâce d'une écriture lancinante et émouvante, l'Afrique
nous tend le miroir d'un monde à notre image, qui se démembre sous
ses masques riant et criant d'inhumaine humanité.
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