
Polonais par son père, juif par sa mère, Vladislav
Khodassévitch voit le jour à Moscou le 16 mai 1886. Son
premier recueil Jeunesse paraît en 1908, mais c'est avec Tel
le grain (1920) qu'il se révèle comme un poète singulier qui,
soucieux de rester «fidèle au sens», affine une forme à la
fois élaborée et précise, parfaitement maîtrisée dans son
orchestration verbale et prosodique. Au sein de la mouvance
postsymboliste russe où dominaient les avant-gardes
(acméisme, futurisme, imaginisme), cette poésie au phrasé
«néoclassique», en même temps si moderne dans son rapport
acéré au monde, à un «siècle cruel», fait de
Khodassévitch un maillon incontournable de la lignée
pouchkinienne, ainsi que le relevait Vladimir Nabokov dès
1939. Le 22 juin 1922, il quitte la Russie en compagnie de
Nina Berberova, future auteure de l'Accompagnatrice. Après
Berlin et la villa de Gorki à Sorrente, ils s'installent à Paris
en avril 1925. C'est là que le poète succombe à un cancer,
le 14 juin 1939.
Parmi les poètes de la grande pléiade russe du XXe siècle,
Khodassévitch sera le dernier à «rentrer» en Russie, en 1989,
avec une édition complète de ses poésies. Cependant, alors qu'il
a retrouvé sa place de premier plan, aux côtés de Mandelstam,
Tsvetaïéva, Pasternak, Akhmatova ou Essénine, il demeure largement
méconnu dans le monde francophone. C'est à combler
cette lacune que s'attache la présente anthologie bilingue.
La première partie reprend tel quel son dernier recueil,
La Nuit européenne (1927), où il promène dans l'exil, notamment
à Berlin et Paris, un regard désenchanté et lucide, souvent
ironique, qui fut toujours le sien. Il n'écrira presque plus
de poésie par la suite. La deuxième partie présente un florilège
de ses quatre livres antérieurs, avant tout Tel le grain (1920)
et Lourde Lyre (1922), ainsi que des poèmes non publiés du
vivant de l'auteur.
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