
Romain Rolland (1866-1944) a été un des plus proches
compagnons de combat de Péguy (1873-1914). Son roman
Jean-Christophe, a d'abord été publié par Péguy dans les Cahiers
de la quinzaine. Ils se sont battus côte à côte pour Dreyfus et
ont vibré pour les mêmes idéaux socialistes.
À la fin de sa vie, en pleine désillusion sur l'URSS, Romain
Rolland nous livre une biographie de Péguy qui reste inégalée.
Il reconstitue le parcours du poète philosophe, raconte la genèse
et le contenu de ses oeuvres tout en dressant un portrait saisissant
des fabuleuses années 1900 où Einstein formule sa première théorie,
où le pape condamne le relativisme et met Bergson à l'index.
Mais il ne cache pas non plus l'exaltation nationaliste de Péguy
avant la guerre de 1914 et sa haine de Jaurès. On est frappé par
la profondeur du travail et le style de Romain Rolland. Il sait nous
entraîner dans ce fleuve qui le (et nous) déborde de toute part.
Le sens des engagements de Péguy - que l'ami Rolland n'a,
loin de là, pas toujours partagés - fait l'objet d'un décryptage
minutieux. Son dreyfusisme «mystique», son socialisme irréductible,
sa détestation de la Sorbonne et du «parti intellectuel»,
son bergsonisme jamais pris en défaut et son appel à la révolution
dans l'Église deviennent enfin compréhensibles dans leur
complémentarité.
À qui appartient Péguy ? Romain Rolland montre comment
cette oeuvre immense est irrécupérable par l'extrême droite et en
quoi elle réjouira tous ceux qui ne se résignent pas au pouvoir
de l'argent.
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