Qui sont ces fameux Imraguen dont les voyageurs et naturalistes de
tout poil continuent aujourd'hui de vanter l'écologie « modèle » et les
pratiques de pêche « durables » ? Constituent-ils une « population » à
part entière, avec une organisation sociale et une langue qui leur seraient
propres, ou sont-ils une simple composante de cet ensemble socio-culturel
maure ouest-saharien, spécialisée dans l'exploitation de ressources
marines surabondantes ? Célébrés pour leur traditionnelle pêche
au filet d'épaule et pour leur économie égalitaire, les Imraguen ont-ils
été épargnés par les grandes mutations sociales et démographiques
(sécheresses, sédentarisation et croissance urbaine exponentielle) survenues
en Mauritanie au cours des années 1970 et 1980 ?
Le présent ouvrage tente de répondre à ces questions en examinant
les formes et les mécanismes des transformations sociales vécues
depuis quarante ans par cette petite communauté de pêcheurs nomades
saisonniers, disséminée sur 200 kilomètres d'une côte saharienne des
plus inhospitalières. Il dévoile la façon dont ces précieux pourvoyeurs
de ressources alimentaires, partiellement intégrés au Parc national du
Banc d'Arguin en 1976, ont dû simultanément adopter des logiques de
pêche plus intensives, inféodées aux lois de l'économie de marché, et se
soumettre à des injonctions de conservation de la nature de plus en plus
lourdes.
Cette enquête ethnographique et historique, prenant les techniques
comme porte d'entrée, offre un éclairage nouveau sur ce groupe de
pêcheurs singulier et sur les modalités (matérielles, sociales, identitaires...)
selon lesquelles il a su négocier sa survie face aux incertitudes
et contradictions du monde globalisé.
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