Parole silex
Le feu à la poudre du corps.
L'état du temps sur le cahier du poète : avant la surrection, la cellule aseptisée d'une dictature, la valse des corruptions, les risibles de l'hypocrisie, la jachère des êtres. Après une révolution complète autour du bâillonnement, de la torture, des stèles satellites, y délogeant les ravisseurs de chrysalides, les pipeurs de trous de poulpes, le poète notera la parole sismique, celle par qui a étincelé le postillon premier de la révolte, cratère par cratère et qui a charrié avec lui un ras de magma dévalant les pentes de peuples talqués de lune.
C'est en Tunisie, soeur aînée du soulèvement arabe, qu'a jailli le verbe d'une ignition si ardente, qu'elle soufflera encore à travers néogène et paléogène jusqu'à ce que le pain au poing hurle satiété.
Il ne s'agit pourtant encore que de l'enfance d'une révolution... Mais qui demeurera comme un appel solennel à toutes les amnésies futures.
Ce recueil se revendique aide-mémoire de révolution ; il tente de remonter le cours de sa gestation, aller à contre-sève de la rage, à travers ses décombres et ses flamboyantes, forçant les barricades de la peur, les masques hirsutes de fossoyeurs, jusqu'au cou prurit de volcan, à la source du cran originel, là où silexe la parole.
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