Les orphelins de saint Vincent de Paul, les pupilles de l'Assistance
publique et les enfants de la DDASS incarnent le
dénuement des petites victimes face à la dureté des hommes.
Les figures du Petit Poucet et de Cosette, délaissés tout jeunes par leurs
parents, peuplent notre imaginaire. Aujourd'hui, l'abandon d'enfants
n'existe quasiment plus en France ; pourtant, au début du XIXe siècle, ce
sont 30 000 nouveau-nés qui étaient recueillis chaque année par les
hospices. Dans les villages où ils étaient placés, le quotidien des
«bâtards» était bien souvent marqué par le froid, la faim, la maladie
et la honte. Renouant avec l'optimisme de la Révolution française, la
Troisième République a eu la volonté de mettre un terme à cette situation
; mais l'égalité des chances est restée un mirage. Cette ambition
manquée engage l'historien à ressusciter un univers de filles-mères,
de meneurs, de nourrices, de gratte-papier, qui tous vivaient de la
circulation des enfants sans famille, cette industrie à la fois humanitaire
et cruelle. En faisant entendre les voix qui vibrent dans les
archives, Ni père ni mère tente de comprendre l'expérience du vivre-sans-parents,
où se mêlent sentiment d'humiliation, solitude et liberté.
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