Mon Eli

Eli : Tu ne craches pas sur le travail de maman ! Je n'ai pas eu le choix. Elle a dû l'arrêter, il y a huit ans. On ne comprenait plus rien à ce qu'elle racontait. Elle reste à la maison. C'est moi qui m'occupe d'elle. Il a fallu aussi que je m'occupe de ma soeur, et de tout le reste. Maman ne peut plus rien faire. A l'hôpital, je la remplace. Je m'occupe de ceux qui ne comprennent plus rien. Ou des grands malades en phase terminale, souvent. J'accompagne ceux qui partent. L'hôpital m'appelle et j'arrive. Je reste avec eux. J'arrange la chambre, les fleurs, j'ouvre les fenêtres, j'aère, je leur donne trois petits verres de rhum, en intraveineuse, parfois. Je regarde la personne qui va partir dans les yeux. Elle se vide, la pièce s'emplit de son odeur, de son départ. Son vide me remplit, et je l'embrasse sur la bouche.

Celui qui pue : Horrible !

Eli : Avec ton odeur, jamais je n'embrasserai ta bouche.

Celui qui pue : Tant mieux...

Sur une plage insulaire au milieu de la nuit, Eli, une jeune rêveuse, fait face au retour de son ami d'enfance qui surgit du fond de la mer. Après dix ans d'absence et de silence, il charrie avec lui une odeur extraordinaire qui retourne le coeur de l'île et de la jeune femme.

Cet homme, qu'on appellera Celui qui pue, veut revenir définitivement sur sa terre natale. Eli, chargée par son île de s'occuper de ceux qui errent en revenant du « pays du froid », ne l'entend pas de cette oreille. Elle va tenter de découvrir pourquoi il revient, en secret, comme ça.

Une nouvelle pièce de Paul Francesconi, bien ancrée dans son univers personnel, à la fois séduisant et déboussolant.