Les îles Saint-Marcouf

Seules îles de la baie de Seine, les îles Saint-Marcouf, à l'est du Cotentin, apparaissent dans notre histoire lorsque Marcouf évangélise le Cotentin et vient y faire retraite. Pendant la Révolution, les Anglais et les Chouans s'y installent et en font une base de première importance. En 1802, Napoléon ordonne d'y construire une tour casematée, sous le feu des navires Anglais. Au XX^e siècle, les îles perdent leur intérêt stratégique. Pourtant, le 6 juin 1944, avant même le Débarquement, elles sont le premier territoire français libéré.

C'est l'histoire mouvementée de ce petit archipel mystérieux et sauvage que nous conte Edmond Thiri dans cette seconde édition enrichie de 60 nouvelles illustrations, de nouveaux témoignages sur la période de la Révolution et sur les actions récentes de sauvegarde. L'auteur nous fait également découvrir les différents mouillages autour des îles, la réserve ornithologique de l'île de Terre et enfin le patrimoine architectural remarquable que représentent les fortifications de ces deux îles...

A l'exception de plaisanciers ou d'ornithologues locaux, les Français ignorent les îles Saint-Marcouf et leur principale curiosité : le fort. Aujourd'hui inhabité, peu visible depuis le littoral, le monument ne manque cependant pas d'intérêt. Protégé par des fortifications qui s'étendent sur la majeure partie de l'Ile du Large, un bâtiment circulaire comprenant deux étages de
canons et une caserne destinée à abriter une garnison de trois cents hommes constitue un des ouvrages défensifs les plus spectaculaires de notre patrimoine militaire.

Dans la cour intérieure, deux remarquables escaliers à vis de plus de treize mètres de hauteur sont hélas éboulés, vandalisés à la fin de la guerre par l'occupant.

Originaire de Saint-Vaast-la-Hougue, auteur de nombreux travaux consacrés à la Normandie, spécialiste de l'histoire maritime, Edmond Thin retrace aujourd'hui l'histoire de ces îlots, lieu de retraite et de prière d'abord, « pied à terre » de
l'ennemi anglais au XVIII^e siècle, avant que ne soit entreprise, de 1802 à 1867, la construction de ce fort qui ne devait jamais servir !

Aujourd'hui il y a danger, insidieusement mais rapidement, les édifices périphériques sont attaqués et ébréchés par la
mer. Le petit port et les digues de protection sont, faute d'avoir reçu un minimum d'entretien, déjà en partie détruits, La réédition de l'ouvrage d'Edmond Thin, « Les Iles Saint-Marcouf », encore enrichi, tant au plan historique qu'au plan patrimonial, était attendue. Cet ouvrage remarquable constitue en effet un état des lieux qui, je l'espère, renforcera la prise de conscience de tous les acteurs de notre patrimoine de l'urgente nécessité d'intervenir afin que'ce site unique soit, au moins, conservé dans l'état, comme tentent déjà de le faire Les Amis de l'Ile du Large-Saint-Marcouf.