
Longtemps vierge et vide d'habitants, l'immense domaine platéen - vice-royauté
tardive en 1715 - a bénéficié, après la chute en 1853 du tyran xénophobe
Rosas, d'une immigration européenne massive de 1880 à 1914, méditerranéenne
pour l'essentiel et incomparable en Amérique latine. Le solde migratoire de cette
«Seconde Conquête de l'Amérique par l'Europe» dépasse en 1914 les 2,6 millions
pour plus de 4 millions d'admissions, dont 35 % d'Espagnols, surtout Galiciens et
Basques, et 40 % d'Italiens, en majorité du Sud (45 % même de 1857 à 1924).
Des réactions nativistes ont sanctionné cet afflux ; on jugeait l'arrivant comme
un envahisseur misérable, profiteur, prédateur et parasite, comme tel indésirable
aux yeux du nationalisme créole.
Parmi les très nombreux contingents minoritaires, Anglais et Français occupent
ici une place à part. Leur rôle a été capital dans le développement économique, ainsi
que dans l'architecture urbaine, l'administration et l'éducation, bilans statistiques
et trajectoires individuelles le prouvent.
Quant aux phases très contrastées d'une immigration germanophone
globalement faible, mais presque ininterrompue de 1820 à 1950, elles ont eu
un impact non négligeable sur la modernisation et sur les options politiques de
la République Argentine, surtout en temps de crise et au moins jusqu'à l'ère
péroniste.
Au-delà de la plaisanterie facile et malgré l'assimilation réalisée, définir
l'identité argentine relève encore, dit-on, de la gageure ou de l'approximation.
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