L'effarement, l'égarement et l'éclipse de l'énergie vitale au seuil
d'un abîme désiré plus que tout constituent la trame des Corps
introuvables.
Plusieurs décors coulissent au fond d'une scène imaginaire pour
donner à voir ce que précisément le regard ne souhaite pas voir :
des esprits qui n'ont pas assez d'âme pour devenir des esprits, des
corps qui n'ont pas assez d'incarnation pour devenir des corps.
Il en résulte des personnages électrisés, lucides, disjoints. Les
mots suivants sont tatoués sur la peau de l'un d'eux : «Il va à
l'homme comme à l'échafaud.»
Dans ce récit halluciné et dérangeant, l'acuité du regard
s'oppose à la perte, à l'oubli, à l'aveuglement par degrés ; elle
soutient une lutte farouche contre l'expérience de la défiguration
infligée par l'Histoire.
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