L'histoire du temps présent, et le vingtième siècle des bibliothèques en fait
partie, est, on le sait, l'une des plus stimulantes et des plus complexes.
L'abondance des matériaux disponibles, plus importante que lorsque
le temps et l'insouciance humaine ont exercé leurs lois amnésiques, est
une promesse. Promesse de richesse, de diversité, de regards croisés,
d'interrogations multiples. Les témoignages humains peuvent souvent
compléter, voire contredire, la douce sécheresse de l'archive, interroger
ses non-dits, révéler ses silences ou ses absences, mettre l'accent sur les
investissements individuels et leurs conséquences, bref rendre plus sensibles
et plus explicites les noeuds sociaux dans lesquels sont prises toutes les
tentatives d'action. Mais, pour les mêmes raisons, l'histoire du temps présent
des bibliothèques est aussi l'une des plus difficiles.
Cette histoire des bibliothèques au XXe siècle a donc été construite, forte des
atouts que représentent une certaine proximité temporelle, les témoignages
des acteurs et des archives non encore dispersées. Elle a dû être tentée malgré
les lacunes de ces mêmes sources, le manque de recherches précédentes, et
malgré son ancrage dans l'événement. En sont témoins des passions toujours
fortes, dont ce volume est lui-même parfois teinté.
L'un des acquis du XXe siècle est d'avoir peut-être réussi à réaliser ce que le
XIXe siècle avait commencé à concevoir. Une bibliothèque non plus seulement
associée au modèle singulier et privé, mais aussi pensée et proposée en des
termes pluriels et publics.
Une postface couvrant la période 1990-2010 nous a paru indispensable,
tant les mutations ont été profondes et rapides au cours de ces vingt ans.
Les bibliothèques, affectées comme toute la société par les mutations
technologiques et sociales, sont, en ce début de XXIe siècle, entrées dans une
nouvelle ère.
Martine Poulain
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