Matérialisme et Empiriocriticisme (1909) a une mauvaise
réputation. Trop souvent, on réduit cet ouvrage à une
simple polémique contre l'empiriocriticisme pour renforcer l'unité
idéologique du parti bolchevik autour de son auteur, Lénine, à
partir de thèses matérialistes sommaires.
Or, on méconnaît le fait que cet ouvrage se rattache à une
solide tradition philosophique. Cette filiation ainsi que la valeur
et la cohérence de cette oeuvre sont examinées par Lilian Truchon
en deux temps.
Il aborde d'abord les principales thèses du révolutionnaire
russe dans la théorie de la connaissance et sur le rôle de la science.
Lénine épistémologue propose-t-il, comme le disent ses détracteurs,
un «réalisme naïf» oublieux de la subjectivité du sujet
connaissant qui est avant tout un être de passions ? La science est-elle
une idéologie ?
Il montre aussi l'actualité d'un enjeu souterrain présent chez
Lénine : la constitution d'un matérialisme intégral qui prouverait,
avec le progrès des sciences de la nature mais en respectant
l'irréductibilité du fait social, que l'unité du monde consiste
dans sa matérialité, jusques et y compris l'Homme. À condition
de savoir que la théorie de l'évolution de Darwin n'est pas une
sociobiologie.
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