Nous ne pouvons comprendre certains des grands enjeux
d'aujourd'hui, notamment ceux qui se jouent autour de l'école et de la
laïcité, si nous ne percevons pas le contexte paradoxal et complexe duquel
émerge cette laïcité.
Les rénovateurs du 19ème siècle ont poursuivi le combat mené par les
promoteurs de la liberté au cours du siècle précédent ; ils illustrent, selon
la politique de leur époque, le combat pour un enseignement libéré du
monopole et de la tutelle de l'Eglise catholique. Aussi, de nombreux
défenseurs de l'instruction publique ont-ils lutté contre une Eglise
autoritaire et intransigeante, afin de faire entrer la religion dans la sphère
privée et rompre ainsi l'alliance entre l'Etat et l'Eglise. Le passage de la
domination à l'émancipation de l'école ne se fit guère sans rivalités et
condamnations. Celles-ci ne sont, en réalité, que l'aspect politique d'un
grand conflit récurrent entre l'Eglise et l'Etat.
J. Ferry et P. Bert parviendront, difficilement, à la publication des lois
scolaires de 1881 et 1882. Cette dernière loi, du 28 mars, sera vivement
critiquée par Léon XIII puisqu'elle supprimera l'enseignement religieux à
l'école. Pour lui, cette législation est le plan «insensé et criminel» de
ceux qui nient, non seulement «les doctrines révélées de Dieu», mais
également l'autorité romaine. Depuis, même si les temps ont changé, la
stratégie romaine reste la même. De nos jours, l'antagonisme entre
l'Eglise et l'Etat est une question d'actualité ainsi que la liberté
d'expression, de penser, de critiquer, de même que le droit au blasphème.
Ces droits sont violemment décriés par les dénonciateurs des caricatures
de Mahomet, lesquels sont soutenus par les hautes autorités romaines,
hostiles comme eux, à les reconnaître.
Aussi, la question scolaire, même si l'on cherche à la faire oublier,
s'impose-t-elle toujours.
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