Au fil du XXe siècle des fissures apparaissent dans le corps des
littératures européennes. Un nouvel esprit de révolte fait rage,
s'acharne à détruire l'intrigue, à diluer le personnage, à évincer la
représentation. La recherche d'une nouvelle esthétique passe toujours
par un travail approfondi sur le rythme et le corps. Un rythme
qui, dans la tradition d'Apollinaire, va jusqu'à constituer la seule
ponctuation chez Sollers. On sait l'importance que lui accordent
Céline, Borges et Guyotat chez qui le rythme est l'architecture
même de la phrase, sa dynamique interne, l'onde émise à l'adresse
de l'Autre dont il appelle la participation, qu'il invite au mouvement.
C'est la sensualité qui s'incarne au contact du corps, ce sont
les trémulations de l'amour, sous le déroulement hiératique de la
phrase. C'est la puissance charnelle qui irradie les mots, la dynamique
du désir, la source de l'érotisme, à l'image du corps féminin.
L'Autre le reçoit en lui-même, dans sa chair, y répond, s'abandonne...
Bâti sur la récurrence des temps forts, des accents, des césures,
le rythme est le jaillissement de la vie, le repère du corps auquel il
impulse le mouvement et dont il épouse les proportions, règle les
oscillations... s'en détache sensiblement pour y revenir, déplacé, et
relancer le tempo sur lequel ces paroles de révolte, de violence et
de désir se fondent.
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