Les pensées d'Arendt et Levinas sont hantées par le mal et la Shoah. Elles partagent la visée d'une éthique à même de résister au retour de l'horreur, tout en respectant l'interdit postcritique d'une fondation a priori.
Dans ce contexte, orphelin de critères apodictiques, le jugement devient central et se tient au coeur du paradoxe postmoderne résumé ainsi par Olivier Dekens : « Il faut juger, mais comment juger ? ». Or, si tel est le cas chez Arendt, il se voit par contre relégué chez Levinas au second plan d'une éthique qui précède l'ontologie. Mais nous faisons l'hypothèse que le sujet est en réalité plus complexe chez lui, et qu'il s'avère opératoire pour questionner sa complémentarité avec Arendt. L'intérêt de cette mise en perspective est d'autant plus fort que nous avons affaire à deux pensées qui, bien que situées aux limites opposées de ce qu'autorise la règle critique, présentent de fortes convergences.
Nous explorons ici ces différentes places accordées au jugement, puis sondons la pertinence et les conditions d'un rapprochement. Nous interrogeons enfin l'hypothèse d'un jugement arendtien opératoire pour envisager l'inscription pratique de l'éthique levinassienne.
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