Le corps multiconnexe : vers une poïétique de l'oscillation ?
Il s'agira de montrer comment le procès de la création contemporaine s'articule avec le paradigme cybernétique, c'est-à-dire non seulement à travers la question du numérique, mais aussi, dans le prolongement des algorithmes génétiques, à travers celle des biotechnologies. Partant du principe que ces technologies, par la révolution paradigmatique qu'elles opèrent, obligent à redéfinir l'anthropologie du corps, le propos sera d'analyser dans quelle mesure le corps de l'art procède de cette redéfinition, notamment à partir de l'art numérique et de l'art biotechnologique, mais pas exclusivement. La question serait alors de savoir si l'oeuvre d'art peut, dans son acception générale, se définir comme une fiction du réel. Auquel cas, peut-elle rester opérante dans cette définition dès lors que les technologies actuelles inscrivent un rapport réel/virtuel où l'actualisation du virtuel permet de révéler des réalités connexes ? Corollairement, peut-il y avoir un art posthumain ? Si l'on admet que la création artistique est une caractéristique intrinsèque à l'humain, quel statut peut-elle conserver dès lors que le processus de globalisation qui est celui des technosciences inscrit la disparition de l'humain ? Si la création artistique renvoie au sujet, nécessairement, ne serait-ce que dans le rapport d'énonciation, comment son projet peut-il encore se définir à l'heure de la dilution du sujet lui-même ? À moins alors de considérer que le rôle de la création artistique est de l'ordre de la Résistance. Non pas une Résistance réactionnaire pour sauvegarder un âge d'or déchu, mais une Résistance prospective dont le but serait d'investir, voire de créer, les interstices de la globalité par le corps multiconnexe de l'artiste actant comme outil privilégié du procès de la création, de créer des futurs contestables.
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