La «statue» dont il est ici question comprend tous les simulacres
du vivant à l'âge classique : automates, marionnettes,
poupées, miniatures, «androïdes», anatomies mouvantes, figures
de terre, de cire ou de marbre, véritables statues ou statues représentées,
idoles, statues oraculaires, têtes mobiles, statues vengeresses,
du Commandeur, statues entières ou fragmentées, intactes
ou pulvérisées - tout ce qui dessine l'univers fantasmatique du
«corps de la statue».
Il s'agit donc d'ouvrir et d'investir un champ transversal de la
connaissance, celui de la vivacité d'un imaginaire (l'imaginaire de
la statue ou de la statue animée) en liaison avec un discours philosophique,
esthétique - ou comment s'articulent (aussi en s'opposant
ou en s'ignorant) une fantasmatique et une théorie.
De fait, l'imaginaire archaïque de la statue se trouve prodigieusement
réactualisé par un autre imaginaire, fort proche, à l'âge
classique, celui du corps-machine tel que Descartes, d'abord,
le définit et tel qu'il n'a cessé d'être reformulé au cours du
XVIIIe siècle, d'où l'engouement extraordinaire pour la fiction de
Pygmalion : de Descartes aux statues philosophiques de Deslandes,
Condillac, Rousseau ou Diderot, se délimite un horizon de
recherche où la statue devient à la fois un corps simulacre, un
corps d'expérience, et un corps de fiction - un corps donné à la
science et manipulé par des philosophes parfois amoureux.
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