Lire Ömer Seyfettin est un choc. Le choc de la guerre et des bouleversements
liés à l'agonie de l'Empire ottoman. Choc de l'ancien
qui se meurt sans que n'émerge le neuf. Choc des mots qui, pour
la première fois en Turquie, plongent dans le grand bain de la prose et
de ce réel tissé d'atrocités, de violences, trempé de couleurs, de sons
et d'émotions intenses. Jeune nouvelliste, Ömer Seyfettin nous
entraîne avec lui dans la matière traumatique et fascinante des Balkans,
de l'Anatolie du début du XXe siècle.
Il meurt à 36 ans, terrassé par le diabète et l'histoire. Si elle n'a pas raison
de la maladie, son incroyable énergie littéraire produit des anticorps
face à l'anéantissement promis alors aux Turcs et à la Turquie.
Ömer Seyfettin n'écrit pas pour vivre mais pour survivre. Il secoue
le joug de la vieille langue ottomane et y fait entrer par effraction
la nouveauté et la violence du monde. Il taille dans les mots comme
le réel taille dans la vie. Son ambition ? Donner une langue et une identité
à son peuple, les fondements d'une nation, ce berceau du progrès.
Écrivain révolutionnaire, ce grand lecteur de Maupassant pose de
solides fondations à la littérature moderne turque. Un formidable
témoignage sur le destin de ce pays.
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