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Le 24 février 2003, jour de la mort de mon mari, Bernard Loiseau, combien de temps m'a-t-il fallu pour prendre la décision de poursuivre son œuvre? Quelques minutes? Quelques heures? Je ne peux le dire exactement, mais l'évidence s'est imposée rapidement dans mon esprit. Sij e ne voulais pas que notre monde disparaisse définitivement, que la Maison Loiseau s'écroule comme un château de cartes, que nos enfants sombrent dans un abîme de souffrance, je devais me ressaisir et avancer.Les clients, les journalistes m'ont mille fois demandé où j'avais trouvé la force de continuer. À cet instant précis, il n'était pas question de force, mais bel et bien d'une réalité : j'avais trois jeunes enfants qui venaient de perdre leur papa, il y avait quatre-vingts personnes qui travaillaient chez nous, et des millions de Français qui aimaient Bernard comme un copain. Je ne pouvais pas les laisser tomber. Pourrais-je y arriver? Quelles étaient mes chances de réussite? À ce moment-là, je n'en avais pas la moindre idée. Mais je savais que j'avais une mission et que rien ne m'en détournerait. Avec le recul, je réalise maintenant combien toute ma vie d'avant m'avait d'ailleurs préparée à ce défi.Si je partage avec vous mon histoire aujourd'hui, ce n'est pas pour parader, ce n'est pas dans ma nature. Mais c'est bien parce que mon parcours est un signal fort à envoyer à toutes les femmes qui hésitent avant de se lancer dans un nouveau challenge, mais aussi à tous ceux qui un jour ou l'autre doivent se relever après un drame.