Pour la première fois, La main
dans le sac donne à lire le début
du manuscrit de Ravages, resté
jusqu'alors inédit.
Il s'agit du souvenir du premier émoi érotique de Thérèse
(le prénom d'état civil de Violette
Leduc) adolescente : lorsque
mademoiselle Godfroy la désigne
pour aller chercher son sac à
main dans la bibliothèque des
professeurs, Thérèse, en glissant
sa main dans le sac, en l'explorant sans pouvoir résister à cette
attirance, vit une véritable scène
initiatique.
Dans une lettre à Simone de
Beauvoir, Violette Leduc affirme
que cet épisode est l'un des trois
événements les plus importants
de sa vie. Il disparaît pourtant de
Ravages, son roman autobiographique paru en 1955. Quand elle en
propose le manuscrit à Gallimard,
l'éditeur lui impose en effet la
suppression pure et simple de
toute la première partie qu'il
juge « d'une obscénité énorme et
précise ». Violette Leduc ne s'en
remettra jamais vraiment, qui
écrit des années plus tard : « Ils
ont refusé le début de Ravages
C'est un assassinat. [...] La censure tranche vos feuillets. C'est
une guillotine cachée. »
J'ouvrais, je refermais le sac
à main. C'est le bruit et la
résonance d'un madrier lancé
dans les environs qui me
décidèrent à introduire ma
main dans l'orifice.. Cette main
se retint en oiseau inquiet
sur des objets. Miséricorde
de la baptiste, austérité du
box-calf, froideur de la galalithe...
Puis elle se frotta aux objets
de mademoiselle Godfroy,
puis elle s'immobilisa dans
le ventre de daim gris.
J'étais hébétée de confort.
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