L'auteur nous a subjugués, envoûtés, et, au vrai, je le dis
sans goût pour les paradoxes faciles, c'est peu de huit cents
pages pour parvenir à un tel résultat. D'autres n'y seraient pas
parvenus en trois mille, et beaucoup par leur oeuvre entier.
Fred Deux a découvert une planète que nous pensions connaître :
le monde du sexe et de l'organique, ou le monde réduit à ses
soubassements sexuels et organiques, alors que nous en ignorions
la mystérieuse topographie. Pour dresser celle-ci il fallait sans
doute un géographe, il fallait surtout un poète pour conduire le
géographe. L'auteur s'est laissé mener par l'enfant qu'il a sans
doute été et c'est pourquoi La Gana baigne tout entière dans
cette poésie cruelle et violente qui est elle de l'enfance aux
prises avec des mystères trop grands pour elle. Cette poésie
transforme le sordide en objet d'art. Elle permet de substituer
au dégoût ou à l'apitoiement facile la révolte. Elle entraîne un
ouvrage qui aurait pu n'être que remarquable, et en marge, dans
les grandes eaux d'une littérature qui aide à vivre.
Maurice Nadeau
(extrait de la préface)
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