Qui découvre la donation Kijno pénètre dans l'univers du peintre. Et
s'interroge. Pourquoi une telle exposition permanente dans cette
petite ville de l'ancien bassin minier du Pas-de-Calais ? Pourquoi un
bâtiment administratif (la salle du conseil de l'Hôtel communautaire)
et non un lieu dédié à l'art ? Quel est l'univers de Kijno ?
«Lad, homme au grand coeur, avait quatre coeurs. Je veux parler
d'abord des deux premiers. L'un était pour le ciel, et l'autre pour la
terre, ses deux patries. Entre les deux, libre de tout, l'Ange Couleur,
celui qui peint avec sa propre plume. À chaque tableau qu'il imagine
sur soixante-dix ans de création jamais ralentie, jamais interrompue,
toujours renouvelée par son respir, l'Ange Couleur allait, venait,
tournant autour du peintre pour l'aider à configurer le monde. Le
monde de Lad dans le monde de l'ange, comme par la radiographie
permettant de voir le foetus encore endormi mais bientôt réveillé
dans le sein de sa mère, le monde de l'Ange dans le coeur et
l'intelligence de Lad, créateur et créature s'épousant et s'épuisant
dans le même combat sous la même enveloppe. Car Lad croyait à
l'Intelligence, c'est-à-dire aux liens étroits entre les choses et l'Esprit.
[...]
Comme Paul, et comme Thomas, il croyait à l'Animus et à l'Anima,
l'Anima la substance originale et féminine de l'Âme que l'Animus,
l'Esprit, le Modeleur inspiré, formulateur et normatif, venait achever
selon sa propre règle, participant aussi avec les propres moyens de
l'homme, si pauvres fussent-ils, à la création universelle, celle qui
derrière l'homme retrouve l'ouvrier, ce contributeur à la vision du
Grand Tout.»
Salah Stétié
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