"Aller au pays de Montaigne, de Chateaubriand et de
Rimbaud m'intéressait moins que la perspective de
fuir cette terre mienne, et ces liens inextricables.
Ainsi, traverser les océans et, par ce geste, la mémoire
honteuse de tout un continent, tout ensemble anticipait
et amplifiait ma volonté de n'avoir plus jamais
d'obligations vis-à-vis de personne - ma famille comprise.
Je m'étais même demandé si ce n'était pas mon
double spirituel qui avait prié la nature de m'éloigner,
de me porter vers ce pays où il n'y a pas d'arbres, où
les hommes sont sans ombre, où le bitume recouvre
partout la terre, où les morts ont froid, mais où tous
les Africains rêvent d'aller un jour."
Petit-fils de féticheur, Africain de culture animiste,
le narrateur de ce livre - l'enfant au nom d'oiseau - a
refusé le sac totémique de son aïeul. Transmis comme
un oracle, l'objet fut immédiatement enterré et le silence
gardé. Sacrilège ou terreur, cet acte s'inscrit en
transparence sur le destin de ce jeune homme choisi
pour tutoyer les dieux.
Ainsi se déploie le récit poétique d'un rêveur d'ailleurs,
d'un être qui un jour retrouve, en lui, la mémoire.
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